
L’ABBEF dans le cadre de son projet Ado Avance Ensemble, a organisé du 28 au 30 janvier 2025, une formation de formateurs sur l’Approche Transformatrice de Genre (ATG) à Koudougou, dans la région du Centre-Ouest. Pendant trois jours, une vingtaine de participants ont reçu des techniques et rudiments à travers les cinq modules de l’ATG, afin d’impacter la transformation des normes qui affectent les sociétés.
Facilitée par Reine Stéphanie THIOMBIANO, Secrétaire de la Coordination régionale de l’ABBEF Ouagadougou et Mohamed Mourtala ZAKARI , Volontaire à l’Association togolaise pour le bien-être familial, la formation en l’ATG vise à faire évoluer et comprendre les normes, l’égalité des genres, les relations de pouvoir, la diversité et les droits humains. Elle vise aussi à renforcer les capacités des participants.es à appliquer concrètement l’ATG à leur travail et à se doter des outils nécessaires pour former d’autres personnes sur le sujet. C’est ainsi que durant trois jours, à travers des théories et exercices de groupes, les participants.es ont été formés.es sur les cinq modules de l’ATG.

L‘ATG a cinq modules:
Le premier module a concerné une introduction à l’Approche Transformatrice de Genre. Il ressort qu’elle s’attache activement à examiner, remettre en cause et changer les normes de genre rigides et les déséquilibres dans les dynamiques de pouvoir, en vue de transformer les normes négatives en normes positives. Cette approche comporte six 6 composantes interdépendantes qui sont :
- L’approche fondée sur les droits humains
C’est un outil pour la justice lorsque les droits des femmes et des filles, les droits reproductifs et les droits liés à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre ont été violés. Elle repose sur le fait que toutes les personnes sont détenteurs de droits mais doivent également respecter les droits humains d’autrui. Son lien avec l’ATG réside dans le fait que la santé sexuelle et reproductive ne peut être atteinte et maintenue sans le respect et la protection des droits humains.
- Les dynamiques de pouvoir
Cette composante concerne les caractéristiques du pouvoir notamment ses formes, ses sphères, ses niveaux et l’influence que peut avoir l’ATG sur ces caractéristiques. Pour les formes, l’ATG permettrait de mobiliser les capacités à tous les niveaux, en établissant des liens verticaux par la création d’alliances et la mise en réseaux. Pour les sphères, elle permettrait de promouvoir construire et mobiliser pour accéder à des institutions formelles, et informelles et pertinents ayant un impact. Pour ce qui est des niveaux, il est question d’exposer, de montrer les formes d’influences cachées et invisibles à tous les niveaux, et dans tous les espaces et de s’efforcer de les défier par la mobilisation et le plaidoyer à l’échelle locale, nationale et mondiale.
- Les normes et les valeurs
Ce sont des idées/principes qui sont intériorisés tôt dans la vie et qui dictent le comportement des filles, des femmes, des garçons, des hommes dans la société. Ils déterminent ce qui est approprié ou non pour chaque sexe. Ils changent au fil du temps et sont spécifiques au contexte.

- L’autonomisation des femmes et des filles
Elle est l’élargissement du choix et le renforcement de la voix par la transformation des relations de pouvoir, afin que les femmes et les filles aient plus de contrôle sur leur vie et leur avenir. Le choix est la capacité des femmes et des filles à faire et à influencer des choix qui affectent leur vie et leur avenir. La voix quant à elle est la capacité des femmes et des filles à s’exprimer, à être entendues et à participer aux discussions et aux décisions dans les domaines public et privé qui affectent leur vie.
- L’implication des hommes et des garçons
Cette composante se rapporte à l’apport des hommes et des garçons en ce qui concerne l’autonomisation des femmes et des filles.
- Le genre et la diversité: L’appréhension de cette composante a été matérialisée par un travail de groupe qui a consisté à prendre les avis sur la compréhension du genre. Au total 4 options: d’accord, Pas du tout d’accord, vraiment d’accord, pas d’accord.
Le deuxième module établit un lien entre l’approche transformatrice du genre et l’éducation à la vie familiale (EVF). C’es un outil pratique pour renforcer l’efficacité de l’enseignement de l’EVF. Il vise à faciliter la réflexion critique et à obtenir des renseignements utiles chez les intervenant·e·s en EVF, susceptibles de renforcer leur capacité à traiter ces thèmes critiques, et de contribuer ainsi à la santé et
aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) des jeunes.
Le module trois (03) met en relation l’approche transformatrice du genre avec les services destinés aux jeunes. Les prestataires de services adaptés aux jeunes doivent mettre en pratique ce qu’ils/elles enseignent. En tant que détenteurs de responsabilité, ceux-ci ont le devoir de veiller à respecter, protéger et réaliser les droits humains des jeunes et comprendre que cette tâche relève de leur
responsabilité.
Le quatrième module traite de l’ATG en rapport avec le plaidoyer. Il a été conçu à l’intention de personnes qui mènent un plaidoyer en faveur de la SDSR et qui souhaitent renforcer ce travail de plaidoyer dans le domaine du genre et des dynamiques de pouvoir. Il met l’accent sur comment l’on peut s’assurer que son travail de plaidoyer en faveur de la SDSR aura un impact transformateur en matière de genre, et ainsi contribuer à l’égalité de genre tout en atteignant les résultats escomptés dans le domaine de la SDSR. Ce module explique également les mesures concrètes à mettre en place lorsqu’on souhaite intégrer l’approche transformatrice du genre (ATG) à son plaidoyer en faveur de la SDSR.
Le module cinq (05) a concerné l’application d’une ATG au niveau institutionnel. Pour améliorer l’efficacité des programmes de SDSR et ceux liés au genre, il est donc important d’aller au-delà de l’intégration de la question du genre et de politiser à nouveau les relations en matière de genre (Cornwall et al, 2011). Cela inclut donc automatiquement les normes sexuelles et de genre (souvent invisibles) qui entretiennent ces inégalités. Nous croyons aussi que nous devrions commencer par nos propres organisations, et réfléchir d’abord à nos propres relations de pouvoir et pratiques genrées avant de commencer à impliquer « les pratiques sexuelles et genrées des autres ».
De ces modules, il ressort que les participants devront encourager une prise de conscience critique des rôles et des normes de genre, tout en remettant en cause sur la base des preuves, les conséquences des normes de genre néfastes et inéquitables qui existent dans le domaine de la Santé et Droits Sexuels et Reproductifs, et en mettant en avant les avantages qu’il y a à changer ces normes. Ils devront œuvrer à renforcer l’autonomie des femmes, des filles et des personnes ayant des orientations et des identités sexuelles ou de genre diversifié, en impliquant les hommes et les garçons dans la santé sexuelle et reproductive et l’égalité de genre.
La formation sur l’Approche transformatrice de genre s’est déroulée dans une ambiance agréable d’apprentissage, entre jeux et des travaux de groupes. Cela a permis aux participants. es d’assimiler les différents contenus.

« Ce que je retiens de cette formation est qu’elle nous permettra en tant que coordonnateur de projet et programmes de Santé Sexuelle et Reproductive de prendre en compte la question du genre dans l’écriture et l’implémentation de nos projets parce qu’on constate de nos jours beaucoup de violences basées sur le genre dans la communauté » explique M. BADO Jean Benjamin.

« Nous avons appris que dans l’ATG, il y a cette composante sur l’autonomisation des femmes. C’est vraiment important, car cela permet aux femmes de participer déjà aux prises de décisions, d’avoir leur mot à dire, d’avoir une place dans la société et de vivre en étant épanouies dans la société. », explique Mariam Yacine GUINDO.
Pour mémoire, les facilitateurs Reine Stéphanie THIOMBIANO et Mohamed Mourtala ZAKARI ont bénéficié d’une formation des maîtres de l’ATG qui s’est tenue à Kigali au Rwanda, du 1er au 05 juillet 2024. C’est dans cette dynamique que ces formateurs devraient relayer la formation dans leurs pays à l’endroit de leurs associations membres.
Rose J. OUEDRAOGO
Abdoul Rahim ZANGRE (Stagiaire)